ADULTE-ERE
Comme un pourcentage très important de la population française, je suis né dans une famille catholique pratiquante. Nous sommes à la fin des années 50 et, semble-t-il, les choses ont bien changé depuis… je n’en suis pas mécontent.
A dix ans, à moi les culottes courtes de drap bleu, les mi-bas de laine et les chaussures de marche. On marche au pas chez les louveteaux, tendance infantile des Scouts de France.
Elles m’en ont fait baver ces jeunes filles déguisées en cheftaines. Elles m’ont fait baver aussi. Quel âge avaient-elles ? Dix sept, dix huit, dix neuf, vingt peut-être et ma virilité naissante préférait, sans contestation, le bout de peau nu entre le bas d’une jupe plissée bleue et les chaussettes blanches au gravures du dictionnaire Larousse.
Combien pouvaient-elles être gourdes de préférer s’occuper de loupiots pré-pubères que de jouer à « touche pipi » dans les jardins du parc avec leurs petits copains.
Mais elles m’ont laissé un bon goût sous la langue, meilleur encore puisqu’elles n’ont rien vu venir.
Prenez, quelques jours avant Noël, un fils de bonne famille. Demandez-lui d’apporter un jouet ou un livre auquel il est très attaché. Faites-lui emballer le livre qu’il a choisi, papier cadeau et bolduc. Et, en groupe, partez distribuer les cadeaux collectés. Faites-le déposer le paquet sur le perron d’une maison. Sonnez et …qu’il courre se cacher quelques mètres plus loin pour qu’il contemple « la joie du petit pauvre » découvrant le passage du Père Noël.
Le Père Noël n’est pas passé, cette comédie non plus, elle m’est restée sur l’estomac. A la messe suivant, j’ai commencé à rêver…
« Ne pleure pas, mon pt’it loup, on peut encore rêver aux lendemains qui chantent ».