ADULTE-ERE
L… cache-toi les yeux pour lire ce post, toi qui en fus l’actrice à qui je donnai la réplique.
L… cache-toi les yeux pour lire ce post, toi, ma « passeuse ».
Te souviens tu des temps troublement joyeux et sombres qui suivirent la grande fête du printemps 1968, te souviens tu du temps, entre alcool à gogo, musiques qui n’avaient pas leur place sur les ondes de l’ORTF, bavardages incessants, nous refaisions le monde ?
« On est pas sérieux quand on a dix-sept ans », et nous n’étions pas sérieux dans nos dix-sept ans pas sérieux et terriblement graves que dans notre générosité, nous aurions pu échapper à nous-même.
Dans mon univers de garçons, je suis interne depuis quelques années, les filles (celles que nous côtoyons dans la journée), la femme (de papier, Sade, Bataille, Réage, Hara-Kiri, Lui…) sont proches et lointaines à nos préoccupations. On en rêve, on en parle, on en rêve, on leur parle… mais le sexe est loin, très loin (sauf à quelques « touches-pipi », dans le car qui, dans la nuit d’hiver me ramène au lycée, et des baisers mouillés et passionnés qu’on échange entre la gare routière et l’Internat de filles où j’accompagne une « payse ».
(Note : au moins trois nouveaux post à rédiger).
L…, te souviens-tu pourquoi et comment, nous nous sommes retrouvé, une nuit d’hiver glacée, sous une tente, sur le parking (enfin, à proximité d’un hôtel de chaîne –Merci, Monsieur Jacques Borel, qui se souvient encore de vous qui avez introduit le hamburger en France. Je devrais vous jeter la pierre de la malbouffe, mais notre société était, entre De Gaulle, De Bré, De Peyrfitte,…, tant constipée.
L…, te souviens-tu pourquoi et comment, nous nous sommes retrouvé, une nuit d’hiver glacée, sous une tente, sur le parking, à joindre nos sacs de couchage ? Moi, j’ai oublié…
L…, tu ne m’en a pas voulu, Wilhelm Reich avait raison, « Il faut donner aux jeunes d’autres alternatives que de faire l’amour sous des portes cochères, la nuit, le froid, l’inconfort, la promiscuité, malgré notre désir, j’ai peur que ce ne fut pas la grande fête attendue.
L…, tu ne m’en a pas voulu, cette fête qui n’en fut pas tout a fait une, novices que nous étions, même si tu avais quelques avances sur moi, de nos inexpériences, m’a laissé, au long des années, pas mal de regrets. L… nous aurions pu, se caresser plus longtemps, laisser le temps à la découverte des corps, j’aurais pu te masturber plus longtemps, tu aurais pu me rendre la pareille, explorer les positions, goûter la conjugaison des plaisirs, sentir nos souffles, suivre les battements de nos cœur. Mais, il faut en convenir, ce fut beaucoup plus frais.
L…, tu ne m’en a pas voulu, combien d’années plus tard, tu m’as révélé : « Je me souviens de tes yeux étonnés ».
Percé à jour, aujourd’hui, c’est moi qui veut t’étonner !
(Petit retour au réel : si quelqu’un possède le texte du tract tiré de l’œuvre de Reich et distribué à cette époque, qu’il me le fasse parvenir, malgré mes recherches, je n’ai pas encore pu le retrouver).