Accompagnant, il y a quelques années, un stagiaire africain (un homme mûr) qui n'avait que quelques heures pour visiter Paris, j'ai du, à sa demande, l'accompagner au pied de la Tour Eiffel.

Usuellement, quand j'accompagne un visiteur étranger, je préfère la promenade qui va de La Bastille aux Hauts de Belleville en passant par le Père Lachaise. Mais il souhaitait la Tour et, à mon grand désespoir, il fit même à ses pieds l'achat d'une collection de porte-clefs de pacotille pour rapporter à sa famille.
Je le regrette, mais la Tour Eiffel reste bien le monument emblématique de la capitale.

Aussi, je ne dois pas m'étonner qu'aujourd'hui, recevant des ami(e)s libertin(e)s, nous soyons amenés à leur offrir le dernier sex-toy en vogue que l'on trouvera sans doute rapidement dans les boutiques spécialisées en cartes postales, tee-shirts ou boules « neigeuses » : le godemichet « La Tour est folle ».

« Elle est la folle idée d’un artiste, Sébastien Lecca, la projection sensuelle d’un regard intensément joueur et provocateur sur une icône universellement célèbre et enthousiasmante. La Tour est Folle est garantie sans phtalates ! ... » précise le site de cette nouveauté.

Je n'attend plus que le jour où, tourisme moi-même, visitant des amis à Londres, à New-York, à Tokyo ou à Pékin, je pourrai m'exclamer, voyant notre Tour trôner sur leurs tables de nuit : « Vous avez donc visité Paris ! Vous fait-elle encore jouir ? » et que l'on me répondra « Ah Paris ! Pigalle ! Les petites femmes ! La Tour... encore ! ».

Ce qui n'empêchera pas de se souvenir de ces quelques vers de Prévert chantés par le Groupe Octobre ;

« la porte des maisons closes C’est une petite lueur qui luit…
Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale :
Une grande lumière grimpe sur la tour,
Une lumière toute crue.
C’est la lanterne du bordel capitaliste,
Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit. »

Jacques Prévert