La nuit tombe tôt à Copenhague au mois de décembre. J’imagine qu’elle tombait toujours aussi tôt au début des années 70.

Mais Istegade, l’avenue qui court derrière la garde de la capitale danoise, brillait de tous ses feux et j’y étais comme un enfant dans un magasin de jouets à Noël.

Les sex-shops étaient encore inconnus à Paris mais n’allaient pas tarder à investir Pigalle ou la rue Saint-Denis.

L’étudiant que j’étais découvrait des ouvrages illustrés à foison, le super 8 en machines automatiques ou en cabine, les jouets sexuels et toutes leurs opportunités… au point d’offrir à mon hôte un petit sac tricoté tricolore (bleu, blanc, rouge) pour protéger ses roubignoles dans l’hiver nordique. Un cadeau fort utile !

A descendre et remonter, l’avenue, je fus finalement interpellé par un homme, du style de ceux qui vendaient sur le boulevard de Clichy, des images pornographiques en entrouvrant son pardessus, qui me proposé d’assister à un « live-show ».

Ne refusant rien pour satisfaire ma curiosité pour tout ce qui touche au sexe, j’acceptais immédiatement.

Je n’ai pas souvenir si je payais des arrhes pour assister à ce spectacle (au risque de me faire arnaquer) ou s’il fit confiance à ma bonne tête… toujours est-il qu’il me donna rendez-vous plus tard… le temps qu’il remplisse son quota de spectateurs, sans doute. 

Je retrouvai quelques heures plus tard, mon vendeur et je le suivis, avec un petit groupe d’hommes, dans les rues latérales… L’atmosphère avait changée. Fini les lumières des boutiques de sexe, ne restait plus que la nuit, glauque.

Glauque, l’immeuble où nous nous arrêtâmes, glauque, l’escalier qu’il fallu monter, glauque, l’appartement qui nous accueillait, glauque, la pièce avec juste un matelas par terre (mais dans mon souvenir, le drap était propre) et quelques chaises pliantes. 

Installés, les vestes posées sur le dossier des chaises, un jeune couple, nu, entra alors.

J’assistais à mon premier « live-show ».

Une éducation libertine